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Découvrez la masterclass d'Eric-Emmanuel Schmitt

Publié le 15 Septembre 2018 par Echo-Nature in Mon jardin secret

Découvrez la masterclass d'Eric-Emmanuel Schmitt
Chers amis, chers visiteurs,
 
C'est avec un immense plaisir que je vous annonce ma participation à la Masterclass d'écriture d'Eric-Emmanuel Schmitt qui débute en ce 15 septembre.
Bienvenue donc dans mon univers littéraire avec le partage de ce texte en guise d'introduction.
 
Voici venu le temps de la première leçon qui roule telle une bille et flirte goulûment avec cette partie secrète en moi. Tapie dans l'ombre, elle attend.
Un silence assourdissant
Soudain, le jeu débute et impossible de l'arrêter. Alors que la bille polit les méandres de mon esprit, mon imagination cogne et claque sur la toile artistique.
 
D'aussi loin que je m'en souvienne, l'écriture et moi c'est une histoire d'amour qui débute en 1980 par la rédaction d'un poème griffonné sur la page d'un carnet coloré.
 
Quelques années plus tard, j'étais le désespoir de mon enseignante de français dont la marque sanguinaire apparaissait toujours au bas de mes travaux : non respect des consignes, trop de détails. En effet, au résumé demandé, une nouvelle page d'histoire était contée avec au final mon imagination bâillonnée et mon rêve aussitôt assassiné. Triste et découragée, j'ai arrêté d'écrire sans pour autant cesser d'encaisser les brimades de ma différence. Mais que faire quand l'imagination et la passion battent la mesure des journées ? Créer des dizaines de tiroirs mentaux pour archiver l'Essentiel de ma destinée. Quelle brillante idée car là au moins mes personnages et leurs histoires sont en sécurité. Protégés de tout certes, sauf de moi-même car rien n'est pire que le claquement des tiroirs.
 
Des centaines de bouquins, des heures de lecture et puis en l'espace d'un instant ma toile mentale s'agite car l'imagination entre en scène avec toujours la même effervescence. Mon corps en est à ce point imprégné que mon regard se fige et tous mes sens sont en alerte. Quelques secondes plus tard, je déchire la page de la réalité et deviens tour à tour auteure, témoin et cheffe d'orchestre. De l'autre côté du voile, des personnages créés à l'abri des regards indiscrets évoluent sur le fil du temps dans un univers à chaque fois différent. Tantôt joyeux, rieurs, comiques, aguichants mais également tristes, secrets, rebelles, dérangeants et terrifiants. Alors que la discrétion s'empare de moi, j'épie, j'écoute et ressens physiquement chaque pulsation de ma création. C'est à cet instant précis que ma température corporelle chute et m'oblige à me vêtir chaudement que s'ancrent véritablement en moi les prémices d'une histoire.
 
Aux interminables transes d'écriture succèdent le soulagement et l'intense satisfaction de la mission accomplie. En effet, à la fois amie, confidente et rivale, l'écriture est pour moi comme une seconde peau, celle qui protège et vieillit avec nous mais également celle derrière laquelle on se réfugie. Telle une clé de vie, la plume peut à loisir créer, transformer et tout détruire à la fois car lorsqu'elle se cabre, les mots assassins ne sont jamais anodins. Mystérieuse, perfide, audacieuse et rebelle, elle possède également le don de me reconnecter avec ma véritable intériorité, partie sacrée, secrète et parfois oubliée de moi-même.
 
L'écriture serait-elle comme le regard à la fois miroir et grimoire de l'âme ? Sans aucun doute avec cependant, l'infini pouvoir de soulager la douleur des maux et de faire taire le fiel des autres. A l'inverse, la plume peut également tout colorer et tout faire oublier en insufflant la liberté. Impossible de m'en lasser et encore moins de m'en passer car elle est mon air, mon eau, mon ciel, mon feu et ma terre.
 
Du poème rédigé dans mon carnet coloré, je n'ai eu de cesse d'évoluer jonglant constamment avec le style et la syntaxe tout en cultivant ardemment le verbe. Passionnée par le fantastique, la science-fiction, le thriller et le roman policier des centaines de bouquins affûtèrent ma plume jusqu'à cet après-midi de novembre où l'inspecteur Petersen fit irruption dans mon imaginaire : l'affaire Malakoff était née.
 
Alors que l'histoire s'impose avec force, j'entre dans la danse jusqu'à l'ultime frontière, celle où la folie des mots prend le contrôle. En quelques lignes, la bête littéraire m'emmène aux confins de moi-même et mon imagination bascule dans le néant. Mensonge, trahison et assassinat donnent le ton. Soudain, l'ébauche d'un précédent écrit me revient en mémoire et prend possession de ma plume jusqu'à frôler la zone de tous les dangers et brosser le tableau d'une histoire rocambolesque.
 
L'Egypte, un écrin de sable fin, une momie royale du nom de Sedjemet, une archéologue, une peine de coeur, une trahison, un jeu de cartes, un champignon microscopique qui se délecte des bandelettes du passé et une complainte venue d'outre tombe : "Prudence! Protège ton ventre et souffre pour celle qui n'a jamais pu enfanter". Acte premier, le rideau se lève. Sur scène, trois personnes jouant leur rôle à la perfection. Le roi, tombeur de ces dames : la reine de coeur et celle de pique, l'une rouge et l'autre noire. Le rouge et le noir, l'amour contre la haine, la vie contre la mort et un envoûtant parfum de crime poignarde l'éternité.
 
Alors que mon écriture débute généralement sans la moindre résistance, la page blanche se dresse parfois devant moi dans toute sa splendeur. Les idées se bousculent au portillon et pourtant, c'est comme si je n'avais jamais su écrire. Alors que ma tension nerveuse atteint son paroxysme, le doute s'infiltre dans la faille de mon esprit. Et si je faisais fausse route, et si l'écriture n'était qu'une infâme machination m'incitant à côtoyer l'interdit jusqu'à en perdre la raison.
 
Fort heureusement, même si l'écriture réveille en moi passions, souffrances et vieux démons, impossible de concevoir mon existence sans elle car les mots et les idées qui dérangent nourrissent le génie créateur. Désirer aller au bout d'un rêve est certes risqué car l'on ne peut toucher des doigts la lumière sans avoir apprivoisé les ténèbres. Aux confins du grand Tout et que l'écriture s'impose, il est des écrits que l'on ose même pas imaginer et encore moins graver sur papier par peur du jugement dernier. Qu'à cela ne tienne, osons braver l'interdit, battre la douleur et tout réinventer jusqu'à ce que l'horreur explose en cette dualité de couleurs : le rouge et le noir pour mon plus grand bonheur dans toute sa folie des grandeurs.
 
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