16 juillet 2023 : 19 ans sans tabac !

Selon l'Organisation mondiale de la santé, le tabagisme tue plus de 7 millions de personnes annuellement. Plus de 6 millions d'entre elles sont des consommateurs ou d'anciens consommateurs et environ 890.000, des non-fumeurs involontairement exposés à la fumée.

Une personne environ décède toutes les 6 secondes du fait de ce fléau, ce qui représente un décès d'adulte sur 10. La moitié des consommateurs actuels mourront d'une maladie liée au tabac.

16 juillet 2004, je fume ma dernière cigarette à la veille de mes congés d'été en me lançant le défi de profiter de ces trois semaines de liberté pour rompre définitivement avec celle qui me grignote la santé à petit feu.

18 ans plus tard, je me rappelle de ce moment comme si c'était hier mais surtout, de tout le chemin parcouru. Vaincre la tabac n'a pas été chose facile car on ne range pas au placard une accoutumance de 12 ans à raison de quasi deux paquets par jour en un claquement de doigts. Il m'aura fallu d'intenses heures de combat acharné, de deux essais infructueux quelques années auparavant et de la perte de plusieurs êtres chers à mon coeur pour que je prenne conscience de toute la dangerosité de la cigarette.

L'erreur est humaine dit-on et pour moi, elle a été celle que l'on regrette toute sa vie car toucher au tabac, c'est un peu comme signer son contrat pour l'au-delà.

Que faire ? Comment faire ? Telles étaient les éternelles questions que je me posais à ce moment là alors que la réponse avait toujours été lovée en moi.

Un ancien proverbe bouddhiste révèle que "Quand l'élève est prêt, le maître apparaît" et je ne peux aujourd'hui que vous le confirmer. En effet, avoir pris conscience que les "bienfaits" du tabac n'étaient qu'une illusion et reconnaître ne plus avoir aucune raison valable de fumer hormis se trouver des excuses pour continuer a été le détonateur ainsi que le premier pas vers la guérison.

En 18 ans, je mentirais en avouant que mon combat est terminé car il ne se passe pas une semaine où la croqueuse de vie ne vienne frapper à ma porte. Heureusement, la petite flamme en mon coeur et la rage de ne jamais abandonner en font aujourd'hui la plus belle des victoires.

Composition des E-liquide et cigarette

Deux tentatives infructueuses

En douze ans de tabagisme, j'ai par deux fois essayé d'arrêter de fumer en diminuant ma consommation et en ayant recours aux substituts nicotiniques. Le système de patch me semblant plus contraignant, j'optai finalement pour le substitut sous la forme de chewing-gum. Le principe était simple : chaque fois que l'envie de fumer se faisait ressentir, il me suffisait de laisser "fondre" un chewing-gum sous la langue.

Pour rappel, le principe du substitut est de délivrer au corps la dose de nicotine nécessaire pour palier à l'état de manque. Au départ, ce fut un vrai jeu d'enfant et je suis parvenue à gérer la situation durant presque un mois en finissant malheureusement par commettre l'erreur fatale : combiner le chewing-gum et la cigarette.

Si j'ose malgré tout l'avouer aujourd'hui c'est uniquement dans le but de mettre en garde en délivrant un message : LE TABAC EST UNE DROGUE SILENCIEUSE, INSIDIEUSE ET MORTELLE. Bref, une grossière erreur qui me valu un sérieux malaise dû à l'ingestion d'une double dose de nicotine. Pourquoi une telle envie me direz-vous puisque les chewing-gums fournissaient à mon corps sa dose de nicotine ? Pour ceux qui l'ignoreraient, l'addiction au tabac combine deux facteurs : la dépendance physique et psychologique. En effet, même si mon corps obtenait son poison quotidien, le fait de tenir une cigarette en main, de l'allumer, d'inhaler la fumée, de l'avaler et de la rejeter me manquait terriblement. Perdue, privée de mon plaisir et complètement à bout, j'ai donc arrêté les chewing-gums sur le champ ce qui occasionna à mon corps un nouveau choc et ai malheureusement repris la cigarette de plus belle. Ce fut mon premier échec. Un an plus tard je retentais la même expérience avec davantage de détermination mais cette dernière se solda également par un échec après un mois et demi d'abstinence.

Aujourd'hui, 18 années plus tard je confirme que ralentir sa consommation ne sert absolument à rien et que c'est tout simplement l'excuse parfaite pour se déculpabiliser. Personnellement, je trouve que cette méthode n'apporte aucune concrétisation sur le long terme puisque l'on continue à s'empoisonner quotidiennement d'une manière différente et avec toujours davantage de frustration. Quoi qu'il en soit, je ne remets aucunement en question le fait que les substituts puissent aider à passer un premier cap et libre donc à chacun(e) de faire sa propre expérience comme je l'ai moi-même fait à l'époque. C'est donc à la suite de ces deux échecs que je me suis rendue compte du sacré voyage intérieur encore nécessaire pour venir à bout de cette insidieuse dépendance.

Quelques semaines plus tard, un signe du destin sans aucun doute : la découverte d'un ouvrage qui allait jouer le rôle de détonateur : "La méthode simple pour en finir avec la cigarette" du Britannique Allen Carr.

La méthode Allen Carr

Un simple bouquin de poche acheté moins de dix euros et dont la couverture ressemblait étrangement à tant d'autres fit ensuite irruption dans ma vie. Dès les premières pages, cet ouvrage fit immédiatement écho en moi faisant ainsi exploser le grand mythe de la cigarette.

En voici d'ailleurs un des meilleurs exemples :

Grâce au tabac je me sens moins stressée, je parviens à me concentrer, je suis décontractée ... Sinistre piège - Pourquoi ? Si je suis en effet moins stressée, si je parviens à me concentrer, à me décontracter ... c'est uniquement dû au fait que mon corps dispose de sa "dose" de nicotine. Dès que cette dernière est entièrement assimilée par mon organisme, le manque de nicotine réapparait - je redeviens stressée, je n'arrive plus à me concentrer, à me décontracter ... et bingo, la consommation d'une nouvelle cigarette s'avère à nouveau nécessaire. Le piège fonctionne à merveille, la boucle est bouclée et c'est l'engrenage infernal de la dépendance.

Ce raisonnement peut paraître extrêmement ridicule pour la majorité d'entre vous excepté pour le fumeur qui est incapable de se raisonner et de penser de cette façon puisque son cerveau est en permanence téléguidé par son besoin de nicotine.

Pour rappel, après avoir fumé une cigarette; le taux de nicotine dans le sang se réduit de plus ou moins de moitié en moins de 30 minutes et de trois quart en moins d'une heure - ce qui explique que la consommation moyenne s'élève à 20 cigarettes par jour (Source : La méthode simple pour arrêter de fumer - Allen Carr).

C'est donc à partir de ce constat et de bien d'autres idées abordées dans le livre que les choses ont radicalement pris une autre tournure. Piquée au vif et complètement chamboulée dès les premières pages, j'ai littéralement dévoré ce bouquin en une seule nuit. Un fameux déclic venait de s'opérer car toutes mes croyances sur la cigarette venaient de partir en fumée.

La dernière cigarette

16 juillet 2004 - Je me revois comme si c'était hier, on était vendredi c'était mon dernier jour de boulot et je m'étais répété un nombre incalculable de fois le scénario. D'un côté j'étais follement impatiente de me lancer dans ce défi et d'un autre il y avait en moi ce petit saboteur qui me chuchotait un tas d'inepties à l'oreille. Quoi qu'il en soit, le pari avec mes collègues étant lancé et mon plan d'attaque tellement bien ficelé, rien ni personne n'aurait pu m'arrêter ce jour-là.

Dès mon retour à la maison, je pris comme prévu un petit moment pour me poser et faire le vide dans mon esprit. Un quart d'heure plus tard je passai à l'action en rassemblant tout ce qui avait un lien direct avec la cigarette, à savoir : me débarrasser des cendriers, des allumettes et des briquets. Je ne conservai qu'un cendrier et un briquet indispensables pour la troisième étape de mon plan d'action.

Seconde étape : détruire tout ce qui me restait comme cigarette excepté une seule et unique, la dernière; celle que je prendrais un malin plaisir à savourer en sachant que jamais plus je n'en toucherais une de ma vie. Bref, un véritable cérémonial qui peut prêter à sourire vu de l'extérieur mais qui revêt ici une importance capitale.

Debout sur ma terrasse, je me suis littéralement mise à déchiqueter la totalité de quatre paquets de cigarettes afin d'être certaine de ne rien savoir récupérer dans un moment de faiblesse. Je me souviens avoir pris un réel plaisir à détruire tout cela en traitant ce poison de tous les noms et en me faisant la promesse de ne jamais recommencer. Ce fut un véritable carnage tabagique. Dix minutes plus tard, plus aucune trace de mon crime mais un silence mortel couplé d'une intense satisfaction en mon fort intérieur.

Troisième étape : fumer ma dernière cigarette en pleine conscience. Un dernier rendez-vous qui bouleversa ma vie à tout jamais. Ici aussi un souvenir ultra précis. Pas la moindre idée de la raison pour laquelle je m'étais réfugiée dans la salle de bains mais c'est au creux de cet endroit exigu que j'ai fumé ma dernière cigarette.

Profiter de cette ultime cigarette, la toucher, la sentir, l'allumer, la goûter et surtout l'admirer. Observer son extrémité rougeoyante se consumer et ses dernières volutes de fumée se perdre dans les airs. Un long moment de communion avec moi-même et avec celle qui partagea pendant des années mes plus doux secrets. Puis, prendre la sage et tant redoutée décision d'écraser ma douce amie. Un moment emprunt d'hésitation qui sembla durer une éternité alors que mes doigts frôlent le bord du filtre brûlant. Un passage à l'acte redouté au moment précis où j'aurais voulu qu'elle dure encore quelques minutes. Un mégot qui se tortille au fond du cendrier, un nuage de fumée qui embrasse mon visage, un ultime sursaut et plus aucun retour en arrière possible.

C'est là, au coeur de ma minuscule salle de bains que l'impensable venait de se produire : je venais d'écraser ma dernière cigarette. Seule, vide et un étrange sentiment d'abandon en travers de la gorge, je me sentais minuscule et en même temps toute puissante.

18h45 - La tueuse silencieuse venait de rendre l'âme.

La découverte de l'exposition Körperwelten

En 2008 je découvrais avec grand intérêt l'exposition très controversée Körperwelten traduit littéralement par "Le monde des corps" de l'anatomiste Gunther von Hagens qui me plongea dans l'univers mystérieux et passionnant de la plastination.

A l'occasion de cette exposition qui se tenait dans les Caves de Cureghem à Bruxelles, je me souviens avoir été littéralement attirée par deux paires de poumons trônant au milieu d'une imposante vitrine. Afin de mettre en évidence les effets dévastateurs du tabac sur l'appareil respiratoire, l'exposition présentait deux organes sains et deux organes malades provenant d'un fumeur. A l'époque de cette expo et bien que non fumeuse depuis quatre ans, la vue de ces deux poumons à l'infâme couleur noire me hanta pendant des mois.

Je vous invite à découvrir ci-dessous la vidéo de Gunther von Hagens qui met en lumière les effets dévastateurs de la consommation de tabac sur le corps humain.

Attention les vidéos peuvent choquer les personnes les plus sensibles

Real Anatomy for Teaching => von Hagens Plastination

Institue for Plastination (IfP) => Body Donation

Bienfaits de l'arrêt du tabac sur votre santé

20 min après la dernière cigarette : votre tension artérielle et rythme cardiaque redeviennent normaux

8 heures après la dernière cigarette : les taux sanguins de nicotine et de monoxyde de carbone sont réduits de moitié, la teneur en oxygène dans le sang se normalise

24 heures après la dernière cigarette : début de diminution du risque d'infarctus du myocarde. La nicotine est éliminée de l'organisme, les poumons commencent à évacuer le mucus et les résidus de fumée

48 heures après la dernière cigarette : amélioration du goût, de l'odorat et de la qualité du sommeil

72 heures après la dernière cigarette : les bronches commencent à se relâcher, la respiration devient plus facile et l'énergie augmente

2 semaines à 3 mois après la dernière cigarette : diminution de la toux et de la fatigue, amélioration du souffle et de la circulation sanguine. Les terminaisons gustatives repoussent

1 à 9 mois après la dernière cigarette : les cils bronchiques repoussent. L'essoufflement diminue de plus en plus et la fonction pulmonaire est améliorée

1 an après la dernière cigarette : risque d'accident vasculaire cérébral équivalent à celui d'une personne n'ayant jamais fumé. Risque d'infarctus du myocarde diminué de moitié

5 ans après la dernière cigarette : risque de cancer du poumon divisé presque par deux. Risque d'infarctus du myocarde équivalent à celui des non-fumeurs

10 à 20 ans après la dernière cigarette : risque de cancer de la bouche, de l'oesophage et de la vessie proche de celui des non-fumeurs. L'espérance de vie redevient quasi identique à celle des personnes n'ayant jamais fumé